Depuis que Perséphone était parti, Hadès avait l'impression de vivre dans une petit bulle dans laquelle il n'acceptait que sa fille, Séléné. Se morfondant, c'est à peine s'il daignait adresser la parole aux jurés, les toisant d'un air si supérieur que ces derniers n'osaient toucher mot. Il faut dire que ses yeux bleus de glace avaient le don de réduire à néant la moindre initiative, et que son regard en lui même était si froid qu'il était à présent beaucoup redouté au tribunal. Le procureur avait voulu lui en parler, mais Hadès l'avait à peine écouté et son interlocuteur avait abandonné, effrayé sans en savoir la véritable raison. Peut-être parce qu'il pouvait le tuer en un geste ? Les mortels, ces ignorants sans cervelle, avaient cependant la qualité de reconnaître inconsciemment les dieux et de ne pas les déranger par des bavardages futiles. Il passait de plus en plus de temps chez lui, arpentant indéfiniment les mêmes pièces, se demandant continuellement ce qui avait provoqué la perte de mémoire de sa femme, rangeant encore et encore le salon, par soucis de perfection, et surtout pour occuper son esprit. Souvent, ses morts lui rendaient visite, se plaignant du mauvais entretien des enfers, Cerbère gémissait en voyant son maître et rentrait sa grosse truffe baveuse dans ses pattes, craintif. En règle général, plus rien n'était pareil depuis qu'elle l'avait renié. Sauf …. la chambre de Séléné. Hadès s'arrêta, choqué, devant l'incroyable capharnaüm qui s'étendait devant lui. L'entière garde robe de sa fille semblait être étendue sur le sol, le lit était défait, des miettes de biscuits un peu partout. Un véritable champ de bataille, comme si la guerre de Troie s'était déroulé entre les quatre murs de cette pièce. Il s'attendait presque à trouver des cadavres de rats et de souris. Passé le moment de la surprise, il ouvrit ses yeux avec un air horrifié et jura « Putain ! Merde ! QU'EST-CE QUE CE BORDEL ? SÉLÉNÉ ! » . Hors de lui, il s'avança dans le foutoir, trébucha sur des talons aiguilles et cria de douleur quand il marcha sur un clou qui avait été placé là par hasard et il décida qu'il était temps d'utiliser la manière forte. D'un claquement de doigts, appela Séléné qui monta en grommelant les escaliers et le regarda d'un air innocent « Qu'est ce qu'il y'a P'pa?! » . Il croisa les bras et lui rendit son regard «Jeune fille, est-ce que tu trouves normal l'état de ta chambre ? » . Hadès lui laissa quelques temps afin qu'elle constate d'elle même que ce n'était plus possible «Alors, quelle excuse tu vas me trouver aujourd'hui, Séléné ? Tu as un poulpe qui vient dans ta chambre et dérange tes affaires quand tu n'es pas là sans doute ? » . D'un coup de pied, il dégagea une petite allée dans l'éparpillement d'objets les plus improbables. Chacun d'eux montrait les différentes lubies de sa fille. De la reproduction de la baguette d'Harry Potter, aux livres de Percy Jackson, on ne s'y retrouvait plus. Il soupira, regarda sa montre « Ce week end, tu n'auras pas l'autorisation de sortir à moins que tu ranges tes habits et toutes ces … choses …. » il lui indiqua une espèce de gel gluant qui était étalé sur le sol «Ce n'est pas du lubrifiant, j'espère ? » il se baissa et regarda «Oh mon Dieu c'est du lubrifiant … J'aurais préféré ne jamais savoir ça … » . Essayant d'oublier ce traumatisme de "ma fille est sexuellement active ?" il se concentra à nouveau sur le bordel et ajouta, narquois «Bien entendu je suspens aussi tous tes dons jusqu'à temps que je vois enfin le parquet ! »